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Changement, issu ou processus

Changement comme issue, comme idéal

La conception occidentale du changement, qui nous vient des grecs, se focalise sur l'aboutissement du changement (l'état B), c'est-à-dire ses issues en termes d' "outputs", de "résultats", d' "effets", d' "impact", d' "idéal". Selon des conceptions de plus en plus absolues de cet idéal (démocratie, égalité, redevabilité, transparence, ...)

Dans ce cadre, on va chercher à planifier au mieux avant (à partir de l'état A), afin d'être certain d'atteindre les objectifs que l'on s'est assigné. Souvent à partir d'un modèle préétabli.

Notamment en posant une série d'hypothèses sur les risques à bien prévoir durant l'action. Le changement recherché doit être durable, voire définitif.

 

Changement comme processus

Ailleurs, en Chine par exemple, le changement a été pensé classiquement de manière tout à fait différente. L'important n'est pas la destination mais le voyage. Le changement est pensé comme permanent ("Il n'y a qu'une chose qui ne change jamais, c'est que tout change tout le temps"), mais indéterminé. L'important alors est d'apprécier la tendance, la propension qu'ont les choses à changer spontanément, à la fois ce qui est en train de changer au moment ou cela change, et les circonstances, le potentiel du contexte. Ceci de façon à utiliser au mieux toutes ces propensions du moment. La capacité à définir et penser les mutations - c'est-à-dire ce qui n'est pas encore établi, mais n'est déjà plus comme avant - est beaucoup plus affutée (grâce notamment à une écriture par idéogrammes qui permet une pensée plus relative). Le chemin entre A et B n'est pas linéaire, mais dépendra des circonstances, de l'évolution des contextes et de la dynamique des acteurs et actants impliqués. On ne rentre jamais en force par rapport à une situation dans cette pensée, on accompagne la propension qu'ont les choses à advenir naturellement.

 

Que peut-on tirer comme conséquences de ces manières de penser et d'agir le changement

Dans la pensée occidentale, le contexte, les circonstances sont secondaires, voire même inutiles. Une fois le contexte "diagnostiqué" avant l'action, on ne s'y préoccupe presque plus. On part d'un modèle, d'une vision idéale que l'on cherche à atteindre. Dès lors, le contexte, les circonstances, ce qu'on appelle le "terrain" entre immédiatement en résistance avec ce qui est "projeté".tout ce qui n'avait pas été prévu initialement constitue une contrainte.

De l'autre coté, on se laisse porter par les circonstances, par le contexte, par la tendance générale que l'on va chercher à infléchir. On attendra surtout le bon moment, la bonne configuration des choses avant de se lancer dans une action. C'est le contexte et la circonstance (le potentiel des choses) qui vont déterminer ce que l'on va faire et comment on va le faire.

Pourquoi ne pas mêler les deux démarches ?

Se donner des horizons est important afin de sortir des fatalismes ; rester vigilant au potentiel des contextes et des circonstances, à tout moment, est important pour éviter de s'enfoncer dans des ornières. Cela suppose de s'intéresser autant à ce qui se passe (pourquoi cela se passe ? comment cela fonctionne ?)  qu'à ce qu'on souhaiterait qu'il advienne.

 

Pour aller plus loin...

Étude sur le changement en Chine et enseignements sur nos pratiques en coopération

 

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